Quand on propose 2 jours de VTT dans le val d’Allos à Cédric Tassan, créateur des éditions VTOPO, il n’hésite pas une seule seconde et saute sur l’occasion pour redécouvrir ce territoire en pleine mutation aux grandes ambitions pour le VTT.
Le val d’Allos est un territoire mal connu pour le VTT. Même si aux grandes heures de la Tribe 10 000, la vallée était sous les feux de la rampe, désormais la mode était presque passée. De mon côté, je monte une fois par an dans le coin pour me faire une virée alpine, un bon bol d’air dans des paysages somptueux et sur des sentiers magnifiques.
Quand je suis contacté par la commune pour venir faire un tour et poser mes roues sur le territoire pendant 2 jours, je saute sur l’occasion. Car j’apprends qu’une nouvelle équipe se met en place et qu’une nouvelle dynamique veut faire du val d’Allos une destination incontournable pour le VTT dans les Alpes françaises. Cela forcément pique ma curiosité.
Au plus la date se rapproche, au plus la météo semble vouloir m’offrir un joli cadeau. Finalement, banco pour les 2 jours. Le temps devrait rester clément même si ce n’est pas totalement le grand soleil tout au long de ce petit périple.
Je suis habitué aux départs très matinaux. Cette fois-ci, je ne coupe pas au réveil qui sonne à 4h du matin car de chez moi, il me faut un peu moins de 3h pour aller là-bas. Certes ce n’est pas à côté, mais finalement pour les riverains du sud de la France, le val d’Allos n’est pas plus loin que tous les autres domaines des Alpes du Sud. Même si l’itinéraire est excentré des grands axes de circulation, la route reste confortable et très belle.
Quand le soleil se lève, je suis déjà dans les terres. Je quitte l’autoroute pour suivre la route nationale qui traverse les Alpes du Sud et rejoint Nice après un joli périple paysager. J’arrive dans la commune d’Allos il est 8h du matin. J’ai toute la journée devant moi. C’est un charmant petit village de moins de 1000 habitants qui accueille une station de ski l’hiver. C’est principalement le tourisme qui est le moteur économique du coin. Et comme de nombreuses stations es Alpes, Allos n’échappe à la règle du développement du VTT car avec les périodes d’enneigement de plus en plus courtes, le ski ne semble plus vraiment être l’unique atout économique. Il faut désormais se diversifier, penser à la période estivale. Et c’est là que le VTT joue tout son rôle. Surtout qu’il permet de donner une 2ème vie aux remontées mécaniques. Elles permettent de prendre de l’altitude plus rapidement, de découvrir des nouveaux secteurs et des nouveaux sentiers.
Pour l’heure, je prends la direction du col d’Allos. A 2247 mètres, il permet de basculer dans la péninsule nord du département des Alpes de Haute-Provence que je connais bien aussi : l’Ubaye. La petite route panoramique est une belle promenade aussi pour les véhicules à moteur. En haut, je quitte le goudron pour suivre le balisage de la fameuse TransVerdon. C’est une splendide itinérance qui part du col d’Allos et termine en Provence, du côté de Gréoux-les-Bains. Si vous êtes amateur de ce genre virées sur plusieurs, cet itinéraire est fortement recommandé.
Je m’autorise une petite entorse pour le départ et grimpe sur une belle crête qui devrait m’offrir une vue imprenable. Je quitte donc le balisage de la TransVerdon et entame une ascension bien raide à côté du vélo. Sans assistance électrique, je ne tente même pas de m’épuiser à pédaler, je préfère pousser. Là-haut je profite d’une vue à 360° fantastique. D’un côté les montagnes du parc national du Mercantour, de l’autre des crêtes enneigées de la Tête de l’Estrop. J’attaque une jolie descente sur une arête effilée qui plonge en direction d’un col. Je flirte avec la limite du parc national. Je suis encore en zone autorisée. Par contre, si je franchis la ligne imaginaire mais tout de même représentée par des petits panneaux verts, je serai en infraction car dans le parc national, le vélo est strictement interdit.
Le balisage de la Transverdon reste dans les clous et tourne le dos au parc. Je poursuis par une jolie traversée dans les alpages et atteint une dernière bosse sur la crête d’où la belle descente sur Allos commence. Je croise quelques marcheurs qui sont venus eux aussi profiter de la quiétude des lieux. C’est toujours l’occasion de quelques échanges autour de la beauté de ce coin.
Au départ, le sentier suit une magnifique crête herbeuse large. Je peux encore profiter de jolis panoramas. Plus bas, le sentier entre dans la forêt de mélèzes. Les pluies intenses de ces derniers temps rendent le sentier parfois traitre : en effet, en surface, rien ne présage que sous la couche d’aiguilles de mélèzes, le sol est boueux. Au moindre coup de freinage, la terre se dérobe et c’est la glissage assurée. Il faut alors tenter de deviner à l’avance quelle section est sure pour un freinage ! Pas facile quand d’apparence tout se ressemble. Malgré ce petit désagrément, le sentier est extrêmement plaisant et joueur. Je dépasse la jolie cabane forestière de Prénier entourée d’un magnifique champ de fleurs. L’itinéraire traverse longuement dans une zone plus rocheuse. Quelques passages méritent une certaine vigilance puis vient le final sur le village d’Allos.
Pour ma seconde journée dans le secteur, je profite d’une navette pour grimper sur les crêtes du domaine, au Gros Tapi, à quasi 2400 m. En effet, Jean-Michel, le responsable du bike park et ses gars doivent grimper au sommet pour effectuer quelques aménagements. Si j’avais du tout faire à la pédale, j’aurais du partir vers 3h du matin ! Au sommet, je profite d’une ambiance sereine : pas d’avant, pas de bruit et les montagnes qui s’éveillent en douceur. Malheureusement, le ciel est bien encombré aujourd’hui. Seuls quelques rayons passent au travers de la couche nuageuse. Je quitte alors la crête pour une très belle descente typée enduro dans la montagne. Le départ est bien tracé dans les alpages. Puis au niveau d’une bifurcation, je prends d’abord à droite un sentier qui descend sur une crête. Rapidement de nombreux virages dans les bois surviennent, les passages sont plaisants, mais il faut toujours rester méfiant quant à la présence d’eau sur le sol. Plus bas, après un passage plus technique dans une dalle un peu raide, je rejoins le sommet d’un télésiège.
Je décide de grimper à nouveau au Gros Tapi. J’ai un peu plus de 500 m de dénivelé positif. Cela reste assez modeste même si les parties raides me donnent du fil à retordre. Une fois au sommet, j’emprunte la descente sauvage de Valcibière. Sur un sentier plus étroit et magnifique, je pars vers le nord à travers les alpages. Plus bas, je rejoins les pistes du bike park. Je retrouve Jean-Michel et ses hommes, ils œuvrent cet après-midi sur la partie basse. Et le travail réalisé est remarquable ! Ce sont tous des passionnés qui ne comptent pas l’énergie investie pour tailler des pistes au cordeau, des arêtes parfaitement calibrées et des relevés d’une régularité incroyable. Surtout quand on sait qu’ils bossent avec pelles et pioches ! Désormais toutes les équipes municipales poussent au développement du VTT et du VTTAE dans le secteur. Et cela vraiment plaisir de voir une telle implication au service de notre pratique. C’est un grand projet qui se met en place dans le val d’Allos. Et le potentiel est énorme. J’ai pu entrevoir les différentes évolutions à venir et je peux me risque à dire que le val d’Allos deviendra sûrement une destination phare du VTT dans les Alpes françaises. Et je vous engage vivement à venir découvrir le territoire !