La France recèle de bien belles régions dont certaines restent assez confidentielles. C’est exactement là que je vous emmène, entre Lyon et Roanne, dans des bois très sombres où le VTTAE s’avère un engin parfait pour la découverte !
Plantons le décor ! Entre la préfecture du Rhône, Lyon et la sous-préfecture de la Loire, Roanne, l’autoroute A89 trace un sillon parmi une constellation de petites collines dont certaines sont recouvertes de forêts profondes de résineux. Entre ces parcelles boisées subsistent des myriades de champs ou paissent d’innombrables vaches. C’est dans ce décor que je décide de poser mes crampons. Après avoir quitté l’autoroute à plus de 600 m d’altitude, la température baisse d’un bon cran, je file sur les petites départementales de la Loire. Ce territoire semble être à cheval sur plusieurs régions locales. Je ne suis pas dans les monts du Lyonnais, mais à la croisée du Forez et des montagnes du Matin. Je préfère d’ailleurs garder cette dernière appellation, elle est plus poétique !
Je gare mon véhicule dans le petit village de Sainte-Colombe-sur-Grand. Ici 440 habitants vivent en toute tranquillité. Le village est joliment fleuri, je décide de faire un petit tour. Ici l’Histoire est forte. L’occupation humaine remonte à l’époque gallo-romaine et un certain Renatus qui avait pris possession des collines bien exposées au-dessus du village. Sainte-Colombe a traversé les siècles depuis le Moyen Age, hébergeant même une famille de contes au XIIIe siècle. Bien plus tard, à partir du XVIIe, le village participe à l’essor de l’activité textile qui se développe autour de la région lyonnaise. Grâce à ce tissu économique, vers 1890, le village abrite 1500 âmes ! Sainte-Colombe a plusieurs fois changé d’appellation à travers les âges : en Donzy, en Beaujolais, sur Tarare, en Forez et désormais sur Grand, du nom de la rivière qui traverse le bas du village.
Localement, il existe des circuits VTT balisés qui passent par ici. Je décide de me laisser guider dans un premier temps. C’est là que le VTTAE tire son avantage, on ne se pose aucune question sur l’itinéraire. S’il faut faire demi-tour et remonter, pas de problème, le moteur facilitera le travail ! Surtout qu’ici, même si les collines sont modestes, elles sont nombreuses. Pas un mètre de plat, si ce n’est au fond des vallées, le long des pistes forestières. Mais tout ça n’est que de courte durée, les montées enchainent sur des descentes qui enchainent sur des montées… Un éternel recommencement qui met à mal la batterie. Il faut donc partir avec l’idée qu’il faudra gérer son autonomie. Je prends la direction du point culminant des montagnes du Matin. Après plus de 10 km à arpenter chemins, pistes et petites routes, j’atteins le village de Violay. J’ai pris de l’altitude, mais je continue encore de grimper. Je me dirige dans les bois situés après le village, juste avant de basculer dans le département du Rhône.
De là, j’entre en forêt, cela sent bon la résine. Je suis une jolie piste puis un sentier très agréable qui traverse des fougères. Tout en haut, les résineux laissent place à une belle foret de hêtres, la tour Matagrin se dévoile au dernier moment ! Je suis enfin arrivé au point culminant de ce grand espace naturel boisé, qui court à l’ouest de Lyon. A tout juste 1004 m d’altitude, au sommet de cette tour, la vue est à 360 degrés. L’édifice a été entièrement rénové récemment. Construite en 1876, elle servait de rendez-vous de chasse. Maintenant, elle est devenue un pôle d’attraction pour les amoureux de balades et de randonnées. Je quitte ce lieu magnifique et m’enfonce dans la forêt par un sentier ludique qui joue avec les racines. D’un tapis de feuilles, je passe à la terre dure et sèche puis à la tourbe souple alimentée par les aiguilles d’épicéas. C’est un plaisir de changer de terrain aussi régulièrement.
De l’autre côté, je remonte sur la colline dans la lumière dorée du soir. Une moissonneuse batteuse est en train de faucher, une poussière s’élève de la machine. Derrière son passage, en lieu et place des hautes herbes, reste un tas bien ordonné de végétaux coupés fraichement. C’est la machine suivante qui se charge de compacter les résidus en bottes. Il est temps de rentrer.
Pour la deuxième journée, je décide d’arpenter les coteaux à proximité de la Loire. La partie VTT sera sans doute moins intéressante car les forêts sont moins denses et les champs plus présents. Mais j’ai envie d’en savoir un peu plus sur cette région et sur son patrimoine. Je démarre au prieuré de Pommiers-en-Forez. L’édifice est impressionnant, cela vaut vraiment le coup d’œil. Cette abbaye forteresse est en excellent état, le village a su conserver son authenticité également. En vue aérienne, cela donne un magnifique ensemble tout en rondeur. Je décide de réserver la visite à mon retour. Place au vélo et à la découverte des bords de Loire. Je file à travers les champs en essayant de trouver quelques chemins et sentiers à travers bois. Vu le relief assez peu marqué de cette plaine, je peux facilement pédaler à 25 km/h. Les kilomètres défilent rapidement. Je sais qu’il faut que je vise un pont sur la Loire car pour traverser ce fleuve, il n’y a pas beaucoup de passages. Je mets cap sur Vézelin-sur-Loire puis enjambe l’eau calme de la Loire. Après encore quelques kilomètres, j’arrive au bout de mon périple, le château de la Roche ! Digne d’un conte de fée, l’édifice est planté sur un rocher qui émerge des eaux. J’attache mon vélo pour mieux découvrir le lieu. Il date du XIIIe siècle et sa situation improbable sur le fleuve en fait un site emblématique du département. Dans le temps, le château a servi tour à tout de poste de guet, de point de péage féodale, de résidence estivale… Il a su résister aux crues de la Loire, les marques datées sur la façade attestent de la montée des eaux certaines années exceptionnelles ! Depuis la création de barrage de Villereste en amont, l’édifice est préservé des assauts de l’eau. Je reste plusieurs minutes à contempler ce site incroyable.