
Salut, moi c’est Lucas, athlète Sunn et passionné de vélo sous toutes ses formes. Aujourd’hui, je
vous emmène dans ma dernière aventure alpine : un tour du Mont Buet (3096 m d’altitude), sommet
emblématique situé à proximité du massif du Mont-Blanc, en Haute-Savoie. Un périple de quatre
jours en itinérance à VTT, totalisant 142 km et 9350 m de dénivelé positif.

Nicolas MASSE @bikekulture_eu
Dans ce récit, je vous propose de vivre une aventure hors du commun, où ma passion pour le VTT
se mêle à l’esprit de l’alpinisme. Dans ce décor grandiose de haute montagne, le vélo peut sembler
être un fardeau insolite aux yeux des randonneurs, mais il se révèle être un outil parfait entre de
bonnes mains. On pourrait ainsi parler de «vélo-alpinisme». Prêt à vous laisser transporter dans
cette aventure où le challenge physique se mêle à une technicité extrême?
Les chiffres de notre périple
Les données de notre balade sont conséquentes, mais n’ont rien d’extravagant pour ceux habitués
aux grandes virées. Seul le rapport dénivelé/kilomètres parcourus peut surprendre :
- Jour 1 : Vernayaz (Finhaut) → Refuge des Fonts, par le Cheval Blanc. 34 km et 2300 m de
D+ / 2150 m de D−
- Jour 2 : Les Fonts → Refuge d’Anterne Alfred Wills, par le Buet. 20 km et 2400 m de D+ /
1900 m de D−
- Jour 3 : Anterne → Argentière, via le tour des Fiz et le col du Brévent. 50 km et 2850 m de
D+ / 3400 m de D−
- Jour 4 : Argentière → Vernayaz, par le col de la Terrasse. 38 km et 1800 m de D+ / 2600 m
de D−
En VTT, il y a dénivelé et dénivelé : 1000 m de montée douce ne sont pas comparables à 1000 m de
montée continuellement raide, voire en portage. Les effets de l’altitude ne sont pas à négliger. Audessus de 2500 m, porter son vélo ne procure pas les mêmes sensations qu’en bas (et bien plus tôt
pour ceux qui n’ont pas l’habitude de rouler en montagne). Il est également important de noter que
les passages reposants en descente sont très rares, voire inexistants. La journée la plus courte de ce
trip a duré 9 heures, et 11h30 pour la plus longue. Nous aurions sûrement pu gagner du temps, mais
l’accumulation de fatigue aurait été plus importante.

Jour 1 : de Vernayaz aux Fonts
L’équipe me récupère devant la maison à l’aube, direction la Suisse pour démarrer notre périple. Nous commençons par une montée progressive, prenant le train (Mont-Blanc Express) de Vernayaz à Finhaut. Ce voyage débute par près de 1000 m de dénivelé positif sur route, une bonne mise en jambe. C’est mon premier trip en itinérance, l’adaptation au sac, plus ou moins lourd, se fait donc progressivement.
Premier point impressionnant : l’arrivée au barrage d’Émosson. Je commence à apercevoir le
sommet du jour et me rends compte de la difficulté dans laquelle nous nous sommes lancés. Il paraît loin, haut, et surtout avec une approche très «verticale».

Nicolas MASSE @bikekulture_eu
Je m’étais bien imaginé ce qui nous attendait, puisque les derniers 250 m de dénivelé de ce gros effort (1600 m en tout, d’une traite) se feront en portage, avec un final aérien où il faut parfois s’aider des mains.
Même si nous cherchons à prendre du plaisir, même dans les parties montantes, notre parcours est surtout tracé de manière à optimiser les descentes. Pour le coup, je n’ai absolument pas participé à la création de celui-ci, je ne fais que participer à l’initiative de David Dondana et Nicolas Masse.
Après de longues heures d’effort, avec le Mont-Blanc en toile de fond, nous arrivons au sommet du Cheval Blanc (2831 m d’altitude). Place à une descente incroyablement longue, avec plus de 2000m de dénivelé négatif dans un décor grandiose à base de pierres, de crêtes et de dalles. Aucune erreur n’est permise, une concentration maximale est requise dans ce genre d’itinéraire. On roule à flanc de falaise sur des sentiers plutôt techniques. Mais pour vous en rendre compte, je vous invite à visionner les vidéos.

Nicolas MASSE @bikekulture_eu
Après une journée complète sur le vélo et plus de 10 heures écoulées, nous arrivons au premier refuge de ce trip : les Fonts. Cette première journée m’a complètement épuisé, je termine sur les rotules et me demande comment je vais pouvoir enchaîner trois jours supplémentaires. Mes compagnons me rassurent, nous verrons bien demain comment les sensations seront pour gravir le sommet qui nous a fait venir ici.

Jour 2 : des Fonts au refuge d’Anterne
Malgré une nuit pluvieuse et une journée dantesque physiquement la veille, je me sens plutôt bien pour attaquer la journée. Il ne fait pas froid au réveil (pourtant, «les Fonts» ne sont pas connus pour leurs matinées douces). Cela facilite bien la mise en route. Nous avons à peine 3 minutes pour tourner les jambes avant que le chemin ne se redresse et que démarre une ascension de 1700 m de dénivelé, où il faudra majoritairement porter le vélo. L’objectif : le sommet du Buet, à 3096 m d’altitude.

Nicolas MASSE @bikekulture_eu
Je ne suis pas le plus rapide, mais je prends mon rythme et me sens de mieux en mieux. J’ai déjà, à de nombreuses reprises, porté mon vélo sur le dos pour accéder à un sommet, mais l’avoir plusieurs heures d’affilée avec un sac de 25 l en plus est une première pour moi. Je l’accepte plutôt bien. La première partie n’est pas très intéressante, mais une fois arrivé dans des altitudes plus minérales, nous entrons dans un autre domaine, et l’utilisation du mot alpinisme prend tout son sens.
C’est un peu plus haut que nous accédons à la plus grosse montée d’adrénaline de notre ascension : le Grenier de Villy. Un petit enchaînement de cheminées raides et de secteurs «aménagés» nécessitant de s’aider des câbles d’une main en tenant son vélo dans le vide de l’autre. Un passage en particulier correspond parfaitement à l’adage «si tu tombes, c’est la chute; si tu chutes, c’est la tombe».

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Ce secteur demande beaucoup d’énergie, mais la montée d’adrénaline et le paysage en valent les efforts fournis.
Nous commençons à apercevoir au loin le sommet, légèrement couvert de neige. À ces altitudes, cela arrive même en été d’en trouver encore. Le mont Buet et ses 3096 mètres d’altitude sont enfin gravis. Maintenant, place à une descente moins technique que la veille, avec un peu moins de roche, mais toujours aussi vertigineuse.

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Nous finissons la journée au refuge Alfred Wills (Anterne). Il est plus grand et un peu plus cossu que le refuge des Fonts, et nous y trouvons une ambiance très agréable. Nous faisons figure d’OVNIs, seuls vététistes dans un refuge plein de randonneurs. Les questions et anecdotes affluent, souvent pleines d’inquiétude, et parfois nous répondons avec un peu de dérision pour rassurer, ou peut-être nous rassurer nous-mêmes… «Mais vous faites comment quand il y a des chaînes? – Ah, nous, on n’en a pas besoin, on s’accroche au vélo!»

Jour 3 : du refuge d’Anterne à Argentière
Le troisième jour de notre périple commence presque en descente. Nous avons juste une courte montée comme réveil musculaire. Bizarrement, plus les jours passent, mieux je me sens physiquement, et c’est plutôt agréable à vivre. Nous attaquons donc la descente du Collet d’Anterne vers le Lignon, composée de multiples roches calcaires bien patinées et bien glissantes. Nous enchaînons par la remontée des Gorges de Sales et ses multiples cascades, un décor incroyable qui nous ferait presque penser être partis dans un autre pays. De nombreux marcheurs progressent à notre rythme.

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À l’avant du groupe, nous faisons une pause un peu avant les chalets de Sales et voyons rapidement arriver le vélo de David, poussé par un des randonneurs avec qui nous partagions la montée depuis un moment. «J’en avais trop envie! J’ai fait ça pendant des années, maintenant je marche, c’est moins dangereux mais moins marrant», nous dit-il.
Il avait pris le vélo des mains de David afin de le pousser. Nous voyons finalement arriver David avec deux bâtons de marche et un regard amusé. C’est une première, et elle est bien drôle à raconter.

Nicolas MASSE @bikekulture_eu
Arrivés au col de la Portette après quelques heures, nous prenons le temps de manger un petit bout avant de nous lancer dans une des descentes les plus vertigineuses que j’ai eu l’occasion de rouler. Des épingles, des rochers et de la pente, énormément de pente.
Arrivés en bas, nous décidons avec David de prendre la direction de Passy pour prendre le train afin de rejoindre Chamonix. Le rythme que nous avions adopté le matin était trop lent, et nous n’allions pas finir avant la nuit. Nico et Pascal, le quatrième compagnon, ont décidé d’enclencher la vitesse supérieure et de continuer l’itinéraire prévu. Ils finiront la journée avec plus de 50 km et près de 2900 m de dénivelé positif, en gagnant l’hôtel juste avant la nuit.

Nicolas MASSE @bikekulture_eu
à suivre… (demain)