Il existe des destinations VTT en France qui ne sont plus à présenter. C’est le cas des Hautes-Alpes et ses grands classiques. Pour autant, Cédric Tassan de chez VTOPO a voulu explorer un endroit plutôt délaissé par les pratiquants VTT. Une manière de montrer qu’il n’est pas toujours nécessaire de s’agglutiner sur les mêmes spots ? Récit.
J’aime la montagne et les Hautes-Alpes sont un de mes territoires favoris. Déjà car ce n’est pas très loin de chez moi, comparé aux Alpes du Nord ou aux très lointains Pyrénées ! J’habite dans le sud de la France, au bord de la mer. Les Alpes du Sud c’est pour ainsi dire mon « jardin ». Quand je vais dans les Hautes-Alpes, j’ai mes habitudes. Même si j’aime souvent les bousculer, je n’avais pas encore tenter de rouler sur des secteurs bien moins prisés du département. Peut-être crainte d’être déçu et d’avoir perdu de mon temps ?
Cette fois-ci, c’est décidé, je tente la nouveauté.
Sur la route des Alpes, il y a des villages que l’on remarque à peine. Du moins, on connait leur nom car le cerveau a imprimé le panneau d’entrée d’agglomération mais on n’est pas forcément capable de les placer précisément, ni même de décrire avec attention leur environnement. C’est le cas de Remollon ! Il faut alors que je me penche sur mes cartes pour remarquer ce petit village situé sur la route qui mène en Ubaye. Bien-sûr les locaux connaitront mais pour les « touristes », c’est l’inconnu.
Et c’est d’ici que mon itinéraire démarre. Remollon c’est 456 habitants situés sur les rives de la Durance, entre vignes et vergers, non loin du pied du barrage de Serre-Ponçon. Ici les automobilistes ne font que passer, levant à peine la tête sur les montagnes environnantes. Peut-être est-ce du au fait que la crête est bien haute ? Un vrai torticolis pour apercevoir le sommet de la montagne 1100 m plus haut.
Je déballe mes affaires et attaque tranquillement la longue montée principalement sur goudron. Certes ce n’est pas ce que je préfère à VTT, mais là, je sais que ce n’est pas le trafic qui va m’incommoder. Donc va pour le bitume ! En attaquant l’ascension, ma première surprise survient rapidement : Théus ! C’est un joli hameau suspendu dans la montagne et qui offre une très belle vue sur la Durance. A quelques minutes de la vallée, à l’écart du trafic et non loin des commodités, il existe des petits havres de paix discrets. En quelques lacets, je quitte le village et poursuit l’ascension à travers des champs. Un long crochet presque plat permet de reprendre son souffle avant d’attaquer la section suivante. A un peu plus du milieu de l’ascension, nouvelle surprise ! Cette fois-ci elle est géologique. Je me trouve face à de multitudes « demoiselles coiffées » situées sur le versant d’en face. Quelle curiosité naturelle ! Ces « demoiselles coiffées » ou « cheminées de fées » sont d’origine glaciaire et non volcanique. Ces imposantes colonnes rocheuses de plusieurs mètres de haut sont coiffés d’un imposant bloc de pierre. Il s’agit d’anciennes moraines, dont les roches, friables, se sont érodées jusqu’à constituer ces frêles piliers, tandis que le bloc situé au sommet, plus dur, résistait aux assauts du temps. Voilà en quelques mots comment elles se sont formées. On imagine que ceci n’est pas à l’échelle du temps de la formation de ces sculptures naturelles ! Et ici, ces demoiselles sont nombreuses si bien que ce vallon est nommé sur les cartes la « salle du bal des Demoiselles Coiffées ». Je profite du belvédère récemment aménagé pour faire une pause et contempler le spectacle.
Je repars sur le vélo et continue mon ascension. Au fur et à mesure que je grimpe je sens la végétation changer. Je quitte les feuillus pour entrer dans les conifères. Le vent se met à souffler dans les branches, j’arrive non loin du sommet. Un joli alpage fleuri occupe le haut de la montagne, mais aussi de très vilaines antennes… Le spot a été défiguré par l’homme. Ce mont Colombis de part sa situation stratégique aux avant-postes de la vallée de la Durance est le lieu parfait pour émettre et recevoir mais aussi faire passer de splendides lignes à haute tension. Pour être très franc, cela ne donne pas envie rester très longtemps au sommet.
C’est parti pour une longue descente vers la vallée ! Après avoir longé la clôture des antennes, le sentier descend à flanc de la montagne. La vue est spectaculaire, incroyable ! Le sentier linéaire évolue sur un terrain tout juste pierreux, idéal pour les sensations de glisse. Après ce premier passage panoramique, il plonge dans la forêt. Le tracé est assez linéaire, parfois un poil trop sur les freins. C’est peut-être le petit point négatif de cette première section. Plus bas, tout en restant sur le fil de la crête, il sinue un peu plus, donnant plus de fun à la descente. Bien plus bas, 2 options s’offrent à moi : à droite ou à gauche. Franchement, celle de gauche m’attire vraiment. Sur la carte, c’est une succession d’épingles jusqu’en bas. Et en plus, d’après mon document, je descends 50 m de plus de dénivelé ! Cela ne fait pas une énorme différence mais cela suffit à me décider. Jusqu’au boutiste ! Et ce choix se révèle extrêmement pertinent. Quelle belle seconde partie de descente. Après la section très linéaire, je me retrouve à avoir le tournis ! Les épingles s’enchaînent. Certaines sont faciles à passer, d’autres plus coriaces surtout quand les rochers viennent jouer les trouble-fêtes… Mais aussi certains virages sont exposés, la chute n’est pas autorisée. Donc si on décide de les tenter sur le vélo, il faut garder en tête que l’erreur ne sera pas permise. Entre chaque épingle, le tracé est joueur, parfois étroit, la pente parfaite ! D’ailleurs je croise un gars qui remonte le sentier en petite foulée. C’est la preuve qu’il descend (ou monte) juste comme il faut.
La descente se termine aux portes du village voisin d’Espinasse. Alors que je regagne mon point de départ par la route, je lève à nouveau les yeux vers les versants qui m’entourent. Je sais que ces montagnes renferment encore de beaux sentiers et de belles découvertes. Le terrain de jeu est immense et il est vraiment très agréable de dénicher, même si les locaux les connaissent parfaitement, de petits bijoux. Ce serait d’ailleurs une alternative intéressante pour délester les itinéraires classiques !