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Les Gorges de Trévans
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Les Gorges de Trévans

La France regorge d’endroits fantastiques ! Et le site des gorges de Trévans en fait partie. Lové au cœur des Alpes de Haute-Provence, c’est un lieu confidentiel et superbe que Cédric TASSAN de VTOPO vous fait découvrir ici.

J’aime quand la France me surprend, car on le sait, mais on habite sans aucun doute, et pour sa taille, un des pays les plus variés au monde. Sur une si petite surface, on retrouve un grand nombre de paysages du monde entier. J’aime beaucoup le département des Alpes de Haute-Provence, c’est un véritable petit bijou pour le bike. Entre les secteurs des gorges du Verdon et de Gréoux, de la montagne de Lure, du pays Dignois avec ses Terres Noires ou des vraies Alpes avec le val d’Allos et l’Ubaye, c’est un kyrielle de territoires tous intéressants les uns que les autres. Certaines vallées sont vraiment reculées, on s’y sent très isolé malgré le fait d’être en France.

Cédric TASSAN – Ambassadeur SUNN

Cela faisait plusieurs années que je voulais me rendre dans ces gorges de Trévans. C’est un endroit très sauvage du département, confidentiel et mystérieux. Je décide donc de m’y rendre à la journée pour enfin me faire ma propre idée du coin. La semaine est exécrable niveau météo, avec mon pote Jenssy, on vise une fenêtre entre 2 passages orageux. Le grand beau ne sera pas de la partie, mais il ne devrait pas pleuvoir, du moins pas avant la fin de journée. Il pleut toute la veille, toute la nuit. Au matin, quand nous quittons la maison, tout est détrempé. Nous avons opté pour un départ tardif histoire de laisser l’eau s’évacuer des sentiers et peut être même sécher. En tout cas, rien ne sert d’arriver sur place à l’aube. Finalement après 1h30 de route, nous arrivons à Estoublon en fin de matinée. Nous savons que cette histoire se finira tard, le tour n’est pas très bref et quand je découvre un nouvel endroit, j’aime aussi prendre le temps de la visite. Pour moi, le VTT, c’est tout à fait ça, un moyen de découverte. Même si la partie sportive et ludique reste importante, il est tellement important de s’émerveiller quand on roule. Je ne suis pas de ceux qui aiment répéter des dizaines de fois le même parcours ou le même sentier. C’est un peu comme à l’époque où je grimpais. Il m’était difficile d’aller travailler en couennes (pour les non initiés, il s’agit de falaises pas très hautes, 30 à 40m max où l’on vient grimper pour travailler ses mouvements, progresser…). Je préférais largement être pendu dans des grandes falaises, à passer des heures à grimper, à chercher mon itinéraire. Pour le bike, c’est exactement pareil, j’ai besoin de découvertes, de rencontres, de partages.

La température est confortable, c’est déjà un bon point. Nous laissons notre véhicule aux portes du hameau de Saint-Jurs. Ici, on a l’impression que le temps s’est arrêté. Blotti sur un promontoire, la centaine d’âmes du village bénéficie d’une vue incroyable vers le sud. Nous déchargeons nos vélos. J’ai amené mon musculaire aujourd’hui, et Jenssy roule en électrique. D’ailleurs il se chargera de récupérer la voiture quand on arrivera en bas. Ce qui va me faire gagner 400m de dénivelé positif ! Pour l’heure, nous remontons la belle piste, l’ambiance est mystique, avec ce brouillard qui cache les hauteurs. Nous grimpons ainsi pendant plus de 400m jusqu’au col de Saint-Jurs, à plus de 1300m d’altitude. C’est ici que démarre notre longue descente vers les gorges de Trévans. Le dénivelé négatif n’est pas si important que ça, mais la balade joue les tours et les détours. Nous pénétrons dans un vallon, le ravin de Mayache. L’ambiance est prenante, on s’imagine rencontrer un loup, tomber face à face avec la bête. Les bois sont si sombres, les pentes si escarpées et inaccessibles qu’en se mettant à la place de l’animal, on aimerait venir ici trouver refuge. D’ailleurs le lieu est une réserve biologique, c’est bien la preuve que le paysage, le minéral, le végétal et l’animal sont tous remarquables. Du coup, ici, on ne vient pas pour rouler tête baissée, ce n’est pas du bike park. On profite du lieu, on s’émerveille, on contemple, on s’arrête, on écoute, on sent. D’ailleurs, je vous conseille de venir rouler ici en petit comité, maxi 3 à 4 personnes. Non seulement les sentiers sont étroits, mais en plus les lieux ne se prêtent pas au brouhaha.

Cédric TASSAN – Ambassadeur SUNN

La descente se poursuit, la forêt se referme, les mousses pendent des arbres, on se croirait en forêt tropicale. Après une montée roulante sur sentier, la première descente se profile. Le départ est roulant, ludique, le terrain est assez glissant finalement. Les roches polies par le passage des randonneurs ne laissent que de place à l’approximation niveau trajectoire et freinage. Rapidement, on tombe nez à nez avec une série d’épingles bien techniques. Certaines sont exposées, pas le droit à l’erreur même si les buis offrent une fausse sécurité. Il suffirait de sortir du sentier pour traverser les buissons sans même être retenu et finir 50m plus bas… C’est souvent d’ailleurs sur ce point où il faut rester vigilant. Car de nombreux riders n’oseraient pas franchir une épingle avec un vide bien visible, mais s’engageraient si il était masqué par un maigre buisson. Et pourtant, en cas de chute, le résultat serait le même ! La descente se poursuit, certains virages sont vraiment techniques. Même après plusieurs essais, c’est l’échec et il faut passer à pied. Dans le bas, nous surplombons de près la rivière. Après une longue ligne droite, nous passons sous la roche via un passage taillé par les hommes. Plus bas, nous traversons la rivière par un petit pont puis attaquons la remontée en rive droite. Le départ est assez rude, il faut pousser et porter le vélo sur un sentier chaotique, étroit et raide. Rapidement, nous pouvons remonter sur nos machines. Le pédalage sur mon musculaire me demande une bonne dose d’énergie. Le sentier sort de la forêt, traverse longuement un balcon exposé où la vue sur dégage. Nous grimpons ensuite pendant presque 30 minutes puis atteignons le départ de la première descente. Cette fois-ci, c’est totalement différent du premier run : pas d’épingles techniques, mais des virages taillés pour le bike, des trajectoires ludiques, fluides, ça va vite ! Quel régal de finir sur une telle note. Le terrain a déjà bien séché depuis notre départ et le grip est excellent !

Quand la descente se termine, nous revenons tranquillement en longeant la rivière chargée de limons. Les orages de la veille ont rempli les cours d’eau. Le retour est paisible, nous croisons quelques maisons très isolées, il commence à se faire tard, les cheminées qui crachent un fumée blanche trahissent le démarrage du foyer qui maintiendra une température confortable dans la pièce principale. Une fois la route rejointe, je me cale dans un champ. Jenssy remonte chercher le véhicule avec son e-bike, il finira d’ailleurs les derniers mètres avec plus de moteur car il a vidé sa batterie !

Cédric TASSAN – Ambassadeur SUNN
J'en veux encore !