Joli petit village touristique, Moustiers-Sainte-Marie est le point de départ obligé pour les gorges du Verdon. Mais quand le flot des visiteurs part pour le canyon le plus célèbre d’Europe, est-ce que la montagne au-dessus du village peut encore rivaliser ? C’est la question à laquelle Cédric Tassan tente de répondre.
Ride, Spot & SUNN
C’est encore tôt, Moustiers est endormi. Nous partons du village très tôt. Cette fois-ci, j’ai emmené pour cette virée Gaétan Riou de chez Variable Visual, il m’accompagne pour couvrir cette sortie VTT. Je n’ai pas choisi l’itinéraire au hasard. J’ai contacté Philippe et Mathieu du département des Alpes de Haute-Provence. Et ils m’ont proposé tout de suite cet itinéraire, fraichement crée et balisé par le territoire. Un nouveau réseau de sentiers balisés VTT vient de voir le jour dans le Parc naturel régional du Verdon pour cette saison 2021.
Il s’agit de 7 parcours VTT, pour un réseau total de 130 km, qui ont été balisés ce printemps par le service activité de pleine nature de la communauté d’agglomération « Provence Alpes Agglomération ». C’est assez rare et donc cela mérité d’être souligné, mais le département des Alpes de Haute-Provence est sans doute un des plus dynamiques pour le vélo. Le nombre de parcours balisés est impressionnant (plus de 4000 km d’itinéraires dédiés à notre pratique) avec une attention très particulière apportée à la qualité des tracés. C’est une référence en la matière et certains autres départements devraient en prendre de la graine.
C’est donc confiant que je valide ce nouveau parcours. La première partie est une longue montée qui parcourt des contrées reculées du département. Ici les forêts sont profondes, pas d’âme qui vive. Pendant plusieurs kilomètres il faut pédaler avec une tranquillité incroyable. Seuls les bruits de la nature et ceux de notre pédalage agrémentent notre ascension. Après 800 m de dénivelé, tout en longueur, l’itinéraire passe au col de Saint-Jurs. Après un dernier coup de cul sur la crête, la piste s’étire longuement et finit par sortir des bois au pied d’une dernière bosse herbeuse.
La descente part à droite, dans les alpages, le balisage est excellent, impossible de se perdre. Nous décidons quand même de grimper en aller-retour jusqu’au Pavillon, le sommet principal au-dessous de Moustiers. Nous sommes à plus de 1600 m d’altitude et la vue est tout bonnement incroyable. Le plus saisissant reste sans aucun doute la perspective sur le lac de Sainte-Croix. Côté nord, ce sont les Alpes encore enneigées qui se découvrent. Le ciel est d’un bleu très clair, mais le vent souffle très fort, les températures assez basses pour la saison.
Nous attaquons la descente, la crête est très roulante. On rejoint rapidement l’entrée du sentier. C’est parti pour une jolie série d’épingles rocheuses dont certains sont vraiment à plat. Il est parfois difficile de trouver des appuis, les pluies de la vieille ont rendu quelques passages traitres. La pente est juste parfaite, nul besoin de brusquer les freins. Après avoir traversé un petit plateau, le sentier continue de plonger, mais cette fois-ci dans une gorge. Quelques passages sont plus techniques, le pilotage à vue est d’ailleurs plus difficile car la visibilité sur ces sections est très soudaine. Nous sortons de la gorge par une très jolie traversée rocheuse et rapide. Encore quelques lacets et c’est l’arrivée dans la plaine fantastique de Venascle. Car ici on a l’impression d’être téléporter en Asie Centrale. Le parc à chevaux que nous traversons rassembler une cinquantaine de bêtes peu farouches qui gambadent sur une surface immense. Quand un cheval s’approche et qu’il reçoit nos câlins, c’est toute la troupe qui rapplique. Je n’avais jamais vu un tel besoin d’échange et de communication avec les chevaux. Nous vivons un très beau moment de partage.
Moustiers-Sainte-Marie – France
Cédric Tassan
Nous poursuivons notre chemin, traversons et longeons un pré rempli de moutons. Plus haut des mouvements désordonnés attirent notre attention. C’est même Gaétan qui tique en premier. Finalement, en nous approchant, il s’agit d’un charnier où les vautours sont entrain de piller une carcasse ! Quel spectacle. Nous tentons une approche, mais ces grands oiseaux, une fois au sol, donc forcément vulnérables, sont très farouches. Dans un vol massif et imposant, les vautours s’écartent de la charogne.
Ici les bêtes mortes sont sans doute déposées afin de proposer un lieu de nourriture propice aux oiseaux. Après cette magnifique observation, nous reprenons les vélos et filons pour la dernière partie du parcours. Après une remontée qui nous casse les jambes, nous descendons à vive allure sur Moustiers. De large, le chemin devient plus étroit et plus rocheux. La vue sur le village se dégage. Après une bonne dernière partie bien fun, nous atteignons les premières constructions. Nous dépassons l’impressionnante cascade du Riou (c’est le nom de la rivière cette fois-ci, pas celui du photographe) puis dévalons les ruelles du village. Une bonne pause s’impose avant de continuer notre journée. Nous débriefons de cet itinéraire et nous validons totalement ce magnifique parcours VTT !
Pour la fin d’après-midi, nous filons dans les gorges du Verdon. Nous voulons vraiment profiter d’un paysage surplombant ce défilé impressionnant. Après avoir passé le petit village de la Palud-sur-Verdon, nous nous garons en versant nord de la crête de l’Issioule. Après une longue montée sur une piste bien raide, nous atteignons la jolie plaine boisée de Barbin. Le GR4 est facile à suivre. Avant de redescendre au col de Plein Voir, nous quittons la trace principale pour suivre une petite sente qui nous mène tout droit sur la crête de l’Issioule ! Et là, c’est vraiment la claque niveau vue ! Incroyable : le lac de Sainte-Croix dans l’axe du soleil couchant, le Verdon tout en bas ! Tout simplement splendide. Nous restons ici jusqu’au coucher du soleil pour enchaîner les photos. Enfin, nous quittons la crête il fait nuit noire, il est temps d’allumer nos phares et de rentrer au chaud à la voiture !